Avant de vous parler de ces 5 conseils pour bien progresser au piano, je vais vous raconter une histoire.
Une histoire de chat musicien.
Cette histoire m’a été partagée par Françoise, l’une des élèves de l’école de piano Le Gardien du Fa à Cancale. C’était pendant une période où elle hébergeait le chat de son frère. Le chat était confortablement installé sur le canapé, et Françoise s’exerçait au piano. Après chaque exercice, et après avoir joué sa partition, Françoise regardait le chat et lui demandait : « Alors, c’était bien ? ». Lorsque le morceau n’était pas très réussi, le chat se recroquevillait et ne réagissait pas. Mais lorsque Françoise jouait du piano correctement, le chat levait ses pattes avant et demandait un câlin.
Un chat mélomane, mais pas seulement.
Nul doute que les animaux savent reconnaître et apprécier la beauté de la vie, et l’harmonie de la musique. Mais je ne pense pas que ce soit la seule raison qui ait incité le chat à venir faire des câlins à Françoise. N’aurait-il pas été, tout simplement, sensible et réceptif à son langage non-verbal ? Lorsque Françoise n’était pas contente d’elle, n’aurait-elle pas envoyé inconsciemment des signes au chat, par sa posture, ou peut-être par une légère moue du visage, par exemple ? De la même façon, lorsqu’elle-même avait trouvé sa prestation musicale suffisamment jolie, son visage était peut-être éclairé, de façon presque imperceptible, mais parfaitement claire pour le chat, qui, ressentant la satisfaction de Françoise, venait partager un câlin. Bien sûr ce n’est que mon interprétation. Cela m’amène toutefois au premier conseil pour bien progresser au piano.
1. Pour progresser au piano, changez le regard que vous portez sur votre musique.
Quelle est la différence fondamentale entre la musique que vous écoutez sur un disque, et la musique au piano que vous écoutez lorsque vous pratiquez votre instrument ?
Entre votre pianiste préféré et vous, il n’y a qu’un pas.
Bien sûr, il y a beaucoup de paramètres, notamment la technique pianistique si c’est un disque de piano-solo. Mais passons sur le fait que le disque soit le fruit du travail d’un musicien professionnel, car ce qui pourrait changer votre façon de jouer du piano ne se situe pas à ce niveau-là. La différence ne se situerait-elle pas, tout simplement, au niveau du regard que vous portez sur votre musique ?
La beauté, une histoire de regard.
En physique quantique, il est maintenant prouvé que les atomes peuvent adopter différents états en fonction du regard de l’observateur. A mon sens la musique n’échappe pas à cette règle. Ainsi, plus vous allez aimer votre musique, plus elle sera belle ; plus elle sera belle, plus vous allez l’aimer !
2. Pour vous améliorer au piano, soyez présent, à vous-même et à l’instant.
Si vous avez pris la décision d’apprendre le piano, il est fort probable que vous vous vouliez atteindre certains objectifs.
La destination n’est pas le seul but.
Peut-être avez-vous envie d’avoir un niveau musical digne d’un virtuose, de savoir lire une partition parfaitement. A moins que ce ne soit la composition de jolies mélodies ou l’improvisation au piano qui vous anime.
Chaque note jouée peut être savourée.
Dans tous les cas, je vous invite à vous poser cette question : « Est-ce que mon chemin a le goût de ma destination ? ». Eh oui, vous voulez atteindre un certain niveau musical, c’est parfait. Mais avez-vous pensé à ce qui arrivera lorsque vous l’aurez atteint ? Dans la plupart des cas, un autre objectif apparaîtra, et alors que vous aurez obtenu ce que vous vouliez, instantanément, vous voudrez autre chose.
Progresser au piano, une affaire de chaque seconde.
Pour commencer à progresser au piano de façon notable, je vous invite donc à faire ce pas de côté qui consiste à ne plus regarder le résultat attendu, mais à vous concentrer à chaque instant sur le plaisir que vous éprouvez à parcourir le chemin vers ce résultat. Que ce soit pour jouer de belles mélodies ou améliorer son rythme au piano, le chemin compte autant – voire plus – que la destination, finalement.
3. Pour faire des progrès plus rapidement au piano, faite-vous plaisir, pour de vrai.
Ce troisième point rejoint et complète les deux précédents.
Eh bien, jouons, maintenant !
Il est bien évident que progresser au piano demande un engagement régulier. Pour autant, pourquoi devriez-vous considérer cet engagement comme une contrainte ? Ne dit-on pas « jouer du piano » ?
La musique comme un jeu de construction.
Considérant cela, faire des gammes ou déchiffrer une partition ne serait-il pas, tout simplement, un jeu ? Souvenez-vous de l’enfant que vous étiez, lorsque vous passiez des heures avec votre jeu de construction, n’était-ce pas extraordinaire ? Alors, un prélude de Bach, quel magnifique édifice !
Une expérience sonore sans contrainte.
Posez tranquillement, une à une, les pierres de votre construction musicale et harmonique. Invitez-la musique, écoutez-la, et enfin savourez la symphonie de vos notes, comme l’enfant savoure une glace au chocolat ! N’hésitez pas à pianoter librement, sans objectif précis, juste pour le plaisir de l’expérience sonore.
4. Prenez plaisir au piano, adoptez la posture du maître.
La posture du maître, c’est un programme d’apprentissage à elle toute seule.
La posture du maître, kesako ?
Mais qu’est-ce qu’un maître, exactement ? Si nous restons dans le domaine qui nous occupe, nous pourrions penser que le maître de musique, c’est le professeur de piano. C’est celui qui sait, et qui se positionne comme le sachant face à ses élèves, à qui il va apprendre la technique pianistique.
Non, le professeur n’est pas le seul maître à bord.
La vision décrite plus haut n’est pas simplement réductrice, elle est tout simplement fausse. Car si la posture du maître était réservée au professeur, alors pourquoi vous conseillerais-je de l’adopter pour progresser au piano de façon joyeuse et tranquille ? De la même façon, si l’on se tourne du côté de domaines comme la méditation, le zen ou tout autre pratique spirituelle ou transcendantale, nous pourrions penser que le maître est quelqu’un qui aurait parcouru l’ensemble du chemin qu’il s’est choisi. Quelqu’un qui serait parvenu au bout, qui aurait tout vu, tout expérimenté, et surtout, tout compris. Or, il n’en est rien.
Ne pas tout savoir et l’accepter, c’est un des secrets pour progresser au piano.
Un véritable maître, aussi simple que cela puisse paraître, est quelqu’un qui a conscience de là où il en est, et qui accueille sa condition avec joie et beaucoup d’auto-empathie, et même d’humilité. Concrètement, adopter la posture du maître, cela pourrait se traduire par se dire à chaque instant, « je sais que je ne sais rien, waouh, quelle chance ! ». Essayez, et peut-être, que cela vous aidera à jouer l’impromptu de Schubert dont vous rêvez depuis si longtemps, la dernière composition de Ludovico Einaudi, ou l’accompagnement au piano de votre chanson préférée ?
5. Enfin, pour progresser au piano, prenez du recul.
Êtes-vous à l’aise dans la lecture des notes ? Côté solfège, lisez-vous la clé de fa de façon aussi fluide que la clé de sol ?
Fluidifier la lecture des notes.
Pour palier à la difficulté de lire les notes dans les deux clés à la fois, certains élèves de piano écrivent le nom des notes sur leur partition, puis tentent de les lire une par une, au fur et à mesure qu’ils les rencontrent. Certes, ce subterfuge peut vous aider sur le moment, mais je ne saurai trop vous recommander, au moins à minima, d’apprendre le solfège. C’est un effort qui vous rendra bien des services par la suite. Mais bon, passons sur ce point.
Une mouche au musée du Louvre.
Imaginez : vous êtes une joyeuse mouche (ou un joli papillon, si vous préférez), et vous virevoltez tranquillement dans le musée du Louvre. Dans une salle dédiée, le plus célèbre des tableaux est posé sur une table, sa restauration est presque terminée. Vous vous posez sur la toile. Dans ces conditions, avez-vous la moindre possibilité de voir ce que représente le tableau ? Non. Au mieux percevrez-vous des bribes de formes et de couleurs, au pire ne saurez-vous tout simplement pas où vous êtes. Maintenant, joli papillon, joyeuse mouche, envolez-vous et positionnez-vous à 1 mètre 50 de hauteur. Un visage au sourire énigmatique ne serait-il pas en train de se dessiner sous vos yeux ?
N’ayez plus peur de vos partitions.
Avec votre partition de piano, cela fonctionne de la même manière. Car finalement, une partition, ce n’est de l’encre et du papier. Une partition est le moyen d’avoir accès à la musique que vous aimez par transmission écrite. C’est tout ! Alors, tel la mouche ou le papillon, prenez du recul. Regardez l’ensemble des notes, des mesures, des pages de votre morceau préféré. Et admirez comment la musique se dessine. Envolez-vous, juste assez haut pour voir la musique, car toutes les variations sont décrites visuellement. Vous aurez peut-être encore besoin d’écrire le nom de quelques notes, mais vous ne perdrez plus de temps à ânonner en clé de fa, et votre interprétation musicale gagnera en fluidité.
Merci pour cet article inspirant et joyeux qui nous rappelle que pour bien apprendre il faut y prendre du plaisir 😊